Gabriel de Lautrec
- Béziers, 20 février 1867 - Paris, 25 juillet 1938
- Gabriel de Lautrec est né à Béziers le 20 février 1867. Il était apparenté aux Toulouse-Lautrec, branche cadette des comtes de Toulouse. Célèbre humoriste des années 1900-1920, compagnon d’Alphonse Allais au Chat Noir (1889-1893), dans lequel il publie ses premières proses, puis à la Vie drôle (à partir de 1893), il fréquente le Tout-Paris littéraire, des rédacteurs du Mercure de France à la jeune génération des soirées du Lapin agile : Pierre Mac Orlan, Max Jacob, Paul-Jean Toulet, André Salmon et Francis Carco. Monté à Paris au début des années 1890, Lautrec fait plusieurs rencontres décisives, Allais bien sûr, mais surtout Marcel Schwob qui lui recommande la lecture de Mark Twain. Parallèlement à une carrière d’écrivain orientée vers l’humour et la fantaisie, commence alors une activité de traducteur – essentiellement pour le compte du Mercure de France. Il traduit Mark Twain, mais aussi Havelock Ellis, Alfred Levin, Matthew Phipps Shiel (Le Nuage pourpre pour Je Sais Tout, 1911-1912) et Oscar Wilde en collaboration avec Henry-D. Davray. Ce dernier sous-traitera d’ailleurs à son jeune collègue quelques traductions (notamment Maurice Hewlett) à paraître sous son seul nom. En 1920, il est élu Prince des humoristes par ses pairs : Courteline, Auriol et Docquois. En 1929, il prend sa retraite de professeur de latin et de grec. Au début des années 30, il échoue à la candidature à l’Académie française. Peu de temps avant sa mort à Paris le 25 juillet 1938, il publie son autobiographie, Souvenirs des jours sans souci (en 1937 dans Le Courrier d’Épidaure, puis en volume en 1938), qui rendent imparfaitement compte de l’intense activité littéraire de ses débuts. Entre 1890 et 1911, il prétend, en effet, avoir publié plus de deux cents nouvelles, chroniques et fantaisies, sans parler de ses textes pour enfants dans un grand nombre de revues comme Le Chat Noir, La Vie drôle, Le Rire, Fantasio, La Revue blanche, Le Sourire, Le Mercure de France, etc. 1 Attiré par l’occultisme et les thèmes parascientifiques, Lautrec signera des textes fantastiques qui témoignent, selon le sentiment de Jean Ray, d’une personnalité « qui a beaucoup lu » 2. Vingt-sept de ces nouvelles ont été rassemblées en 1927 dans l’excellent recueil La Vengeance du portrait ovale.
- XLF
1. Cf. son dossier d'admission à la Société des Gens de Lettres (en 1911), Archives nationales, dossier 454 AP 241. Sur certains aspects de l'œuvre de Lautrec et de sa personnalité, on a également consulté : François Caradec, Alphonse Allais, Paris : Belfond, 1994, p. 287-288, ainsi que sa préface aux Histoires de Tom Joë, Paris : La Bougie du Sapeur, 1989. 2. in Le Journal de Gand, 1er février 1923, dans sa chronique « Les Livres qu’il faut lire » dont voici un extrait : « Une suite de contes mystérieux écrits avec une exemplaire sobriété. Le talent de Gabriel de Lautrec est polychrome (…), ces histoires-ci éveillent le merveilleux frisson de la peur. Qui donc dans un petit moment de méchanceté m'a raconté que M. de Lautrec est l'auteur qui a le plus lu au monde ? Il est vrai que pendant la lecture de ces captivantes pages, il m'a semblé sentir autour de moi le fantôme goguenard de Mark Twain, l'ombre hallucinante d'Edgar Poe, l'imagination conteuse de Wells, le cynisme intermittent de Pierre MacOrlan et même l'inquiétant génie de Maurice Renard (…) » Ces dernières louanges émanent d'un autre grand lecteur – qui feignait de s'ignorer – et qui a su rendre hommage à de Lautrec en reprenant quelques-unes de ses idées. Sur ce sujet, voir Christian Delcourt, « Jean Ray et ses lectures », in Écritures (Liège), 1975, p. 24-44 ; et, du même, Jean Ray ou les mots dont on fait les choses, Paris : A. G. Nizet, 1980.
La bibliographie de cet auteur sera développée et sera en partie décrite au chapitre Autres oeuvres, où le lecteur intéressé trouvera d'autres références
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